La semaine dernière, le Premier ministre Jean Castex a annoncé un plan de 6,5 milliards d’euros pour favoriser l’insertion des jeunes dans le monde professionnel. Avec ce plan, le gouvernement envoie un signal positif aux quelques 700 000 jeunes qui vont arriver sur le marché du travail à la rentrée, mais aussi aux entreprises encore frileuses face à l’embauche après quatre mois de crise et dans la crainte d’un potentiel reconfinement en septembre.
Au CJD, nous saluons l’esprit de ce plan, parce que nous sommes convaincus que la jeunesse est essentielle à la relance économique. C’est le sens de notre engagement au long cours : nous battre pour que l’employabilité des jeunes soit perçue non pas comme un risque à compenser mais comme une opportunité à créer.
Cette opportunité induit une nécessité préalable : combler le gouffre qui sépare le monde éducatif de l’entreprise. Non, les incitations financières du plan « Un jeune, une solution » ne suffisent pas, d’abord parce qu’elles sont insignifiantes par rapport au coût d’une création d’emploi, mais surtout parce qu’elles ne sauraient servir sans un accompagnement préalable vers le monde professionnel. Bien en amont de leur entrée dans la vie active, il est crucial de sensibiliser les jeunes et le personnel éducatif aux réalités de l’entreprise, sans préjugé ni caricature.
Pour cela, plusieurs orientations devraient être prises.
Dans un premier temps, il nous revient d’acculturer les jeunes à la vie en entreprise pour faire tomber les barrières entre école et activité économique. Cela passe par une multitude d’outils déjà mis à l’épreuve par les membres du CJD : parrainage de classes pour permettre aux élèves d’aller plus en profondeur dans la découverte du monde entrepreneurial, création de mini-entreprises impliquant des groupes de collégiens ou lycéens en coordination avec des entrepreneur·e·s dirigeant·e·s de leurs territoires, multiplication des stages découvertes…
Ensuite, dirigeant·e·s, formateur, formatrices et pouvoirs publics doivent agir de manière coordonnée pour sécuriser les parcours d’insertion des jeunes en entreprise. Parmi les priorités du CJD, la valorisation de l’apprentissage auprès du monde éducatif figure au premier rang. A ce jour, les entreprises et l’Education nationale – du collège au CFA – ne se parlent pas assez. C’est le sens du projet « Un·e JD, Un·e Alternant·e » lancé par le CJD dans son réseau il y a quelques semaines, afin de mobiliser nos 118 sections locales pour qu’elles se rapprochent des CFA de leurs territoires et offrent des débouchés aux futurs apprentis dès septembre.
Reste enfin à l’Etat à prendre ses responsabilités pour stimuler l’emploi des jeunes en utilisant d’autres leviers que les aides financières. Les acheteurs publics pourraient par exemple orienter plus intensément la commande publique vers les entreprises qui font confiance aux jeunes. Cela passerait par l’insertion de « clauses premier emploi » conditionnant l’octroi de marchés publics à des entreprises qui ont su faire confiance aux primo-entrants, ou encore de « clauses apprentis » favorisant les entreprises qui prévoient de mobiliser des apprentis sur le marché. Ce levier du marché public a une double-vertu : il stimulerait l’emploi des jeunes et viendrait récompenser les efforts de formation consentis par l’entreprise.
En 2020, en dépit de toutes les aides financières de l’Etat en faveur de l’emploi des jeunes, il reste encore beaucoup à faire pour boucler le continuum liant le monde éducatif, le monde professionnel et les pouvoirs publics. Profitons de la volonté politique affichée par le gouvernement à l’égard de la jeunesse pour approfondir et consolider cette alliance !
Tribune signé Emeric Oudin, Président CJD France 2020-2022